TRUMP, le GORBATCHEV américain ?

Trump-Gorbatchev

Les œillères

 

En lisant une analyse du GEAB (Global Europe Anticipation Bulletin), un organe de prospective ultra européiste qui s’imagine que l’Union européenne est un contre poids aux États-Unis, j’ai rajeuni d’une trentaine d’années.

Extrait : « De même, notre équipe estime que sous un discours populiste keynésien, la politique économique de Donald Trump promet d’être un déchaînement de principes néolibéraux (dérégulation, QE, financiarisation, etc.). Sur tous les fronts, sauf sans doute sur celui des relations étrangères du pays, Trump, c’est le maintien aux manettes par l’autoritarisme et le mensonge des acteurs et méthodes du système d’avant. »

La fin de l’URSS

Vers le milieu de la décennie 1980, quand Gorbatchev a lancé la Perestroïka (reconstruction, rénovation du système soviétique) et la Glasnost (liberté d’expression, transparence), j’étais jeune capitaine, pilote de chasse en escadrille. La majorité des officiers plus anciens que je côtoyais, pour qui la guerre froide était l’horizon indépassable de la pensée stratégique, pensait que la manœuvre de Gorbatchev était un leurre destiné à faire baisser la garde aux pays de l’OTAN. Presque personne dans mon entourage n’avait compris qu’il s’agissait d’une manœuvre de survie.

En effet, le système soviétique était en pleine décomposition de l’intérieur et la course aux armements relancée par Reagan à travers la guerre des étoiles accélérait gravement cette décomposition. Le système était lancé dans une fuite en avant funeste et la gérontocratie soviétique était incapable de pouvoir en sortir ni même d’imaginer la possibilité d’en sortir.

Un parallèle

On observe un parallèle entre la situation de l’URSS des années 1980 et la situation du bloc occidental euro-atlantiste d’aujourd’hui emmené par les États-Unis. En effet, les États-Unis se sont lancé depuis vingt ans dans une course aux armements folle, de leur propre initiative, et cette fuite en avant accélère gravement leur décomposition. Les données économiques et démographiques sont très mauvaises tandis que les dépenses militaires ne cessent d’augmenter alors que l’efficacité du dispositif militaire US ne cesse de baisser.

Mikhaïl Gorbatchev était un homme du sérail, nourri au lait du parti communiste soviétique, et il a fait sortir la Russie de ce système mortifère. De la même manière, Donald Trump est un homme du sérail, un milliardaire capitaliste. Va-t-il à son tour faire sortir les États-Unis de la spirale mortelle dans laquelle ils sont engagés ?

Voir plus loin

Au-delà des opinions à court terme et à courte vue des experts pour qui l’unilatéralisme américain est l’horizon indépassable de l’analyse géopolitique, en observant les événements dans la perspective de long terme, on peut légitimement poser la question : Et si Donald Trump était le Gorbatchev américain ?

 

 

Régis Chamagne