Pourquoi se passe-t-il des événements en Corée ?

Il se passe soudain des choses en Corée, apparemment peu compréhensibles : tirs de missiles balistiques nord-coréens, déploiement de forces étasuniennes, rodomontades de part et d’autre, comme une séquence d’événements déjà vue, comme un scénario hollywoodien bien huilé.

Je me propose donc d’analyser cette situation à l’aune de ce qu’elle produit ou est destinée à produire concrètement, en dehors des postures convenues, en me fondant sur diverses considérations.

Souvenons-nous, en 2013 déjà

Du 1er mars au 30 avril 2013, s’était déroulé en Corée du Sud l’exercice annuel conjoint entre les forces armées sud-coréennes et étasuniennes Foal eagle, littéralement « le poulain de l’aigle ». Traditionnellement accompagnés de menaces de la Corée du Nord, les gesticulations de part et d’autre avaient cette année-, franchi un cap, la Corée du Nord menaçant les États-Unis d’une frappe nucléaire préventive ainsi que d’annuler l’armistice conclu à la fin de la guerre de Corée.

S’en était suivi un crescendo de démonstrations de forces de part et d’autre : déploiement de bombardiers furtifs B-2 d’un côté, déploiement de missiles balistiques MUSUDAN de l’autre, jusqu’à ce que Chuck Hagel, secrétaire américain à la défense, décide de reporter le tir d’essai d’un missile MINUTEMAN-3, afin d’éviter que l’essai « puisse être considéré comme exacerbant la crise en cours avec la Corée du Nord ».

En apparence, l’aigle étasunien s’était rétracté face à la détermination du chef d’État nord-coréen. En apparence. Car il nous faut remonter encore un peu le cours du temps.

Qui est Kim Jong-un ?

La fiche Wikipédia de Kim Jong-un nous apprend ceci : « Kim Jong-un étudie de 1996 à 1998 à l’International School of Berne à Gümligen, dans le canton de Berne en Suisse […] De 1998 à 2000, Kim Jong-un est élève de 7e, de 8e puis de 9e (soit 5e, 4e et 3e dans le système scolaire français) à l’école publique de Liebefeld, sous l’identité de Pak Un. Il obtient de bons résultats en mathématiques et en arts plastiques mais il se distingue surtout par ses talents de joueur de basket-ball. Il se passionne pour les matchs de la NBA, admire Michael Jordan, et montre avec fierté des photographies où il pose en compagnie de Toni Kukoč des Bulls de Chicago et de Kobe Bryant des Lakers de Los Angeles. »

Il a donc passé quatre ans de scolarité en Suisse !

Si la CIA n’a pas tenté de retourner Kim Jong-un pendant ces quatre années, alors elle n’a pas fait son travail, alors elle a failli à sa mission, et tous les correspondants stationnés en Suisse à cette époque auront dû être virés !

Du reste, si l’on en croit les affinités de Kim Jong-un pour la NBA, il semblerait qu’elle ait plutôt réussi, bien que ce ne soit pas un indicateur objectif ni définitif.

Mais avant d’aller plus loin dans mon raisonnement, il est bon d’avoir à l’esprit certains principes qui ne vont pas de soi pour un Occidental.

La transmission du pouvoir en dictature

Vu d’Occident, on peut avoir tendance à s’imaginer que dans un régime totalitaire ou simplement autoritaire, quand un nouveau chef d’État succède au précédent, par héritage ou par désignation, il peut décider de tout, sitôt arrivé au pouvoir. Rien n’est plus faux. C’est même tout le contraire qui se passe. Il suffit d’analyser l’histoire des successions dans l’empire romain, dans l’empire ottoman, ou dans tout État autoritaire pour le comprendre.

Le premier défi qui s’impose au nouveau chef d’État est de prendre le pouvoir au sein d’un système de pouvoir mis en place par son prédécesseur. Son premier combat est de s’imposer parmi les vieux caciques de la haute administration, civile et militaire, qui entend prendre la main sur le « jeunot ». Il s’agit alors de neutraliser les manœuvres florentines des anciens, voire d’éliminer physiquement la concurrence.

La décision de Chuck Hagel en 2013 a opportunément permis à Kim Jong-un d’asseoir son autorité au sein du pouvoir nord-coréen. Du reste, on observe que depuis, il a un peu « fait le ménage » autour de lui.

Cette digression étant faite, revenons à la situation actuelle.

Les conséquences des événements actuels

Pour faire face à l’agitation nord-coréenne, en particulier aux tirs successifs de missiles balistiques exécutés récemment, les États-Unis ont commencé à déployer le système de défense antimissile THAAD en Corée du Sud, ainsi que le rapporte le Figaro du 25 avril 2017 : « L’armée américaine a commencé à déployer des éléments du bouclier antimissile THAAD sur le site prévu en Corée du Sud, rapporte mercredi l’agence de presse sud-coréenne Yonhap. Les États-Unis et la Corée du Sud ont convenu en juillet dernier de déployer ce système de défense antimissiles pour faire face aux menaces de la Corée du Nord. »

Succinctement, rappelons les performances de ce système : il est annoncé efficace dans un rayon de 200 km autour des lanceurs et jusqu’à 150 km d’altitude. le THAAD est conçu pour détruire la menace aussi bien dans sa phase de vol hors atmosphère que durant sa redescente dans l’atmosphère.

Ma conclusion

Combinant tous les éléments que je viens d’exposer, mon interprétation de la situation est la suivante :

  • il est probable que Kim Jong-un ait été retourné par la CIA pendant son séjour en Suisse ;

  • il est probable que le scénario de 2013 était destiné à installer réellement Kim Jong-un au pouvoir en Corée du Nord ;

  • il est probable que le scénario identique joué aujourd’hui, par les mêmes acteurs, est destiné à donner un prétexte pour que les États-Unis déploient leur système THAAD en Corée du Sud… FACE À LA CHINE !

Régis Chamagne