
Il était une fois, dans une contrée lointaine et en des temps reculés, un groupe de onze personnes qui tendaient leurs efforts vers la quête d’un même et unique Graal. Parmi ces onze personnes, se trouvaient cinq aristocrates et six roturiers.
Mais par un effet magique de ce lieu et de ce temps, le Graal serait accordé à l’un des onze par la décision de la populace, de la plèbe, du troupeau, pour tout dire, de la canaille. De surcroît, ce Graal serait accordé à celle ou celui qui aurait su convaincre, par l’intelligence et la pertinence de ses propos, par son éloquence et par sa présence.
Or donc, les administrateurs de la contrée eurent l’idée d’organiser des forums publics au sein desquels les onze prétendants seraient invités à débattre entre eux de leurs arguments, de les confronter, voire de les affronter, afin que la multitude puisse entendre, réfléchir, pour finalement choisir lequel des onze serait le mieux à même de mériter ce Graal tant convoité.
Les prétendants
Ainsi, se présentaient-ils sur la ligne de départ. Il nous faut donc les présenter. À tout seigneur, tout honneur, commençons par les aristocrates :
- Marine Le Pen : Duchesse de Montretout, héritière d’un domaine où l’on cache l’essentiel, comme son nom ne l’indique pas ;
- François Fillon : Comte de Beaucé et chevalier de l’ordre des rillettes, grand amateur de courses automobiles et de beaux costumes ;
- Jean-Luc Mélechon : Baron des Alouettes, terroir rendu célèbre pour son pâté ;
- Emmanuel Macron : Marquis de Carabas, qui dut son titre à un chat botté batave, de Batavie, l’autre pays du fromage ;
- Benoît Hamon : Écuyer de Solférino, intronisé suite aux dégâts commis par les ducs de Solférino dans un magasin de porcelaine.
Du côté de la roture :
- Nicolas Dupont-Aignan : Il aurait pu devenir Chevalier mais refusa, tant il était en désaccord avec le Prince qui le lui proposa ;
- Jean Lassalle : Berger et pèlerin qui acquis sa notoriété par la pratique du jeûne en dehors des établissements prévus à cet effet ;
- François Asselineau : Grand commis de l’État en rébellion, et qui entendait dire les choses qu’il savait ;
- Nathalie Arthaud : Sur son lit se pencha une bonne fée, cadre d’une grande banque où elle défendit le droit des opprimés ;
- Jacques Cheminade : Don Quichotte qui se battait depuis des lustres contre les moulins de la finance internationale ;
- Philippe Poutou : Ouvrier dans l’industrie automobile, successeur d’un facteur débordé par le déchaînement de la pratique épistolaire.
La peur
Mais voilà que face à la perspective que l’aristocratie de ce tournoi eût à jouter avec la roture, elle se déroba. On ne mélange pas les torchons avec les serviettes. Le Baron des Alouettes, qui prétendait éduquer et parler au nom de la plèbe, refusa le premier cette confrontation avec ses compétiteurs roturiers. On ne confronte pas les arguments des uns, nourris des plus nobles intentions, avec ceux des autres, façonnés dans la bassesse du commun. Le Marquis de Carabas lui emboîta derechef le pas. Le titre de Marquis de Carabas se mérite et se porte haut, et pour tout dire, il flotte haut, sur le vent qui pousse les nuages et amasse les orages. La Duchesse de Montretout en profita, elle qui s’attirait la sympathie d’une grande partie des pauvres hères de la contrée. Pas question de montrer tout sous les coups de boutoirs dégoûtants de je-ne-sais-quel insolent. L’Ècuyer de Solférino, à son tour déclina l’invitation aux forums, cela se comprend, seul ou presque face à la roture, la confrontation devenait risquée. Enfin, le Comte de Beaucé, argua que cela n’avait pas d’intérêt. Tout était dit. Il n’y avait donc aucun intérêt à ce que l’aristocratie débattît avec la roture.
Et le peuple dans tout cela ?
Que penserait le peuple de tout cela? De cette quête du Graal dont il était le premier concerné ?
Pauvre peuple, ballotté, méprisé, martyrisé, soumis. Tant de fois dans sa longue histoire il avait été confronté à des situations semblables, mais jamais identiques. Tant de fois il s’était relevé. Pourquoi pas cette fois encore ?
Dors, dors, peuple de France, rêve, rêve, peuple de France, mais rêve DEBOUT !
Régis Chamagne