Une trilogie

Trois livres à lire

Dans la littérature d’anticipation, trois livres, de mon point de vue, forment une sorte de trilogie car ils sont complémentaires ; ils abordent sous des angles différents, la mise en place d’un système totalitaire dans une société libre à l’origine :

  • « 1984 » de Georges Orwell décrit une société de surveillance généralisée, dans laquelle l’inversion sémantique (la guerre, c’est la paix…) raconte la mise en esclavage du peuple sous la forme d’une marche vers la liberté.
  • « Le meilleur des mondes » d’Aldous Huxley dépeint une société hyper hiérarchisée par la fabrication artificielle des bébés (que l’on pourrait comparer au génie génétique actuel) dans laquelle les individus, conditionnés, acceptent avec bonheur leur servitude.
  • « Fahrenheit 451 » de Ray Bradbury brosse un monde dans lequel les individus sont asservis par acculturation. On interdit les livres et on les supprime quand il en existe encore. C’est le rôle des pompiers, assignés à cette nouvelle tâche, que d’aller brûler les bibliothèques. 451 degrés Fahrenheit est précisément la température à laquelle le papier s’enflamme spontanément. Cela correspond à 232 degrés Celsius.

Précisons que Georges Orwell et Aldous Huxley ont tous deux été influencés par un livre du Russe Evgueni Zamiatine datant de 1920, intitulé « Nous », dans lequel ils ont puisé les thèmes de leurs livres respectifs. « Nous » a été réédité, dans une nouvelle traduction, en 2017, aux éditions Actes Sud. j’en conseille évidemment la lecture.

L’époque actuelle

La période actuelle est marquée par la restriction continue et méthodique de nos libertés en même temps que la casse non moins systématique des services publics, quels qu’en soient les prétextes évoqués. Cela dure depuis plusieurs décennies, mais l’accélération sans complexe s’est produite avec Sarkozy, elle a été amplifiée par Hollande, et Macron a été mis en place pour finir le boulot. Donc, il n’y a plus de limite.

Nous atteignons un point où la mise en place du système totalitaire rêvé, sous les oripeaux de la démocratie, se fait bien visible et devient oppressant. Ainsi, de plus en plus de personnes aujourd’hui, en particulier sur les réseaux sociaux et numériques, font référence au livre de Georges Orwell « 1984 » pour évoquer la période que nous traversons. Au point que les chiens de garde du système concentrent toute l’intelligence dont ils sont capables pour expliquer que cette référence n’est pas appropriée. Cela montre au passage à quel point ils sont en panique.

Les citations de Georges Orwell et d’Aldous Huxley fleurissaient déjà depuis plusieurs années sur les réseaux mais elles se multiplient. Et voilà qu’avec cette deuxième assignation à domicile sous contrôle policier, le troisième ouvrage de notre trilogie est convoqué. Il est devenu interdit de vendre des livres. On ne les brûle pas encore, mais ça pourrait venir. Bien sûr, il y a toujours un bon prétexte : les grandes surfaces, avec leur rayon littérature, ne doivent pas faire de concurrence aux librairies, qui elles sont fermées. La culture n’est pas de première nécessité, c’est bien connu. Et pour nos dirigeants qui ne sont pas très cultivés, la culture est certainement dangereuse. Alors, on interdit officiellement la vente de livres. Ray Bradbury peut donc rejoindre Georges Orwell et Aldous Huxley dans les références à notre époque. Bienvenu Ray !

Un scénario pour 2022 ?

Peu après l’élection de Macron, j’avais intitulé un article précédent « La dernière cartouche ». Les partis traditionnels ne faisant plus recette, Macron a été propulsé « hors de partis », le système détruisant ainsi la mécanique qui lui permettait d’appliquer sa politique avec l’illusion d’une alternance. Puisque ce voile là est déchiré, après Macron, la seule solution est une dictature officielle, mais attention, une dictature au nom des droits de l’Homme et de nos valeurs.

Un scénario possible serait de faire élire Marine Le Pen. À cet égard, il faudra surveiller son temps de passage dans les médias dominants à partir de l’été prochain pour voir si ce scénario est mis en place. Une fois Marine Le Pen élue, un mouvement « spontané » sortira d’on ne sait où pour réclamer, au nom des droits de l’Homme, des heures sombres de notre histoire et de la République, l’annulation de l’élection et la désignation de techniciens aux postes de ministres. La désignation par qui ? Il y a l’embarras du choix : le Conseil Constitutionnel… et pourquoi pas carrément la Commission européenne ?

Ce pourrait bien être le scénario de la prochain élection présidentielle. À moins d’un changement rapide de paradigme. Une révolution ?

Régis Chamagne