
C’est reparti, les pays belliqueux du bloc occidental (États-Unis, Angleterre, France) avertissent Bachar el Hassad que s’il emploie des armes chimiques contre sa population, il y aura rétorsion. Évidemment, tout les idiots s’attendent à ce qu’ils le fassent et Radio Paris est prête à vomir ce morceau de propagande.
Errare humanum est, perseverare diabolicum
Le Dr Bachar al Jaafari est le représentant permanent de la Syrie auprès des Nations unies. Le 28 août 2018 se tenait une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, sous la présidence de la Grande-Bretagne. L’enregistrement diffusé de l’intervention du Dr al Jaafari a été coupé au bout de deux minutes. La Syrie a porté plainte et demandé à ce que le texte complet soit intégré au compte-rendu officiel.
Que peut-on lire de ce qui a été coupé ? En particulier ceci : « Je mets entre vos mains des informations documentées sur les préparatifs de l’organisation terroriste le Front al-Nosra, et de groupes affiliés, en vue de l’utilisation d’armes chimiques contre des civils du gouvernorat d’Idleb, dans le but d’incriminer l’Armée arabe syrienne et de justifier n’importe quelle éventuelle agression militaire menée par les gouvernements des pays employeurs de ces organisations terroristes, à l’instar de ce qui s’est passé lors de l’attaque américaine sur l’aéroport d’Al-Chaayrate le 7 avril 2017, et lors de l’agression tripartite américano-franco-britannique le14 avril 2018.
Dans le cadre des préparatifs de ce crime, face auquel nous demandons fermement aux gouvernements ayant de l’influence sur ces groupes terroristes de dissuader leurs agents de le mettre à exécution, huit conteneurs de chlore ont été transportés au village de Helouz à Idleb, en prévision du scénario destiné à la mise en scène d’une nouvelle attaque chimique... »
Logique de paix et logique de guerre
Dans cet article, je développais l’idée qu’en matière de relations internationales, deux logiques s’opposent : la logique de guerre et la logique de paix :
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La logique de guerre, binaire, manichéenne, emprunte des chemins rectilignes : « Si vous n’êtes pas avec nous, c’est que vous êtes contre nous ! Etc. » Elle utilise des outils conceptuels et méthodologiques simplistes tels que l’ultimatum, la définition de lignes rouges, la rétorsion sous forme d’embargos, de sanctions économiques ou de bombardements.
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La logique de paix, complexe, subtile, interactive, emprunte des chemins sinueux, avec des retours en arrière si nécessaire. C’est l’art du compromis et de la recherche de l’équilibre. Elle utilise des outils intellectuels tels que le dialogue, l’écoute de l’autre, l’argumentation logique, la réflexion, la compréhension.
Dans la guerre qui se mène au Proche-Orient, les deux logiques s’affrontent au sein d’un rapport de forces qui se dessine de plus en plus nettement :
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Les Russes manœuvrent sur le plan diplomatique en tentant de discuter, a minima de garder le contact, avec tous les acteurs de ce conflit. Ils le font d’autant mieux qu’ils ont à présent une supériorité militaire indiscutable sur les États-Unis et ses toutous, grâce en particulier à leur avance considérable en matière de guerre électronique.
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Les trois pays du bloc occidental, croyant peut-être que les États-Unis possèdent encore la supériorité militaire sur le reste du monde, insistent à vouloir créer le prétexte d’une opération militaire offensive sur la Syrie. En utilisant toujours le même scénario (attaque chimique sous faux drapeau, ligne rouge, rétorsion). Quel manque d’imagination !
Nous en sommes donc là, au moment où le gouvernement légitime de Damas reprend le terrain conquis par DAESH et autres groupes de cet acabit, avec patience et méthode.
La logique de guerre, jusqu’à quand ?
En général, une guerre prend fin, soit quand l’un des belligérants a remporté la victoire, soit quand les deux sont épuisés (la guerre cessa faute de combattants), soit par une combinaison des deux facteurs (usure morale de l’un avec impossibilité de remporter la victoire).
Dans cette confrontation qui se joue en Syrie, on peut se demander à partir de quel moment les pays du bloc occidental vont cesser leurs tentatives de déstabilisation et leur logique de guerre. Il y a peu de chances que cela se fasse par épuisement car ces pays ne sont pas engagés directement ni massivement sur le terrain. En outre, ils ont des ressources très importantes en missiles de croisière.
On voit mal pour le moment comment leurs dirigeants pourraient devenir subitement raisonnables. Donald Trump est attaqué de toutes parts en interne et il a besoin de se ménager des occasions de montrer ses muscles en politique extérieure. C’est ce que lui avait permis Vladimir Poutine lors des deux précédents bombardements. La diplomatie britannique est prise d’une hystérie anti-russe dont on voit mal comment elle pourrait sortir. Quant à ce pauvre Micron-Jupiler… « Miroir, miroir, dis-moi qui est la plus belle en ce royaume… »
Et pourtant, il va bien falloir que cela cesse un jour
Alors, il reste une défaite militaire irréfutable, car dans leur logique de guerre, c’est la seule chose qu’ils sont capables de comprendre. La balle est dans le camp des Russes. L’équation est simple à énoncer mais sa résolution compliquée.
Le coup d’arrêt militaire russe aux velléités agressives occidentales devrait être suffisamment significatif sans toutefois être trop violent en terme de vies humaines. En effet, il ne doit surtout pas provoquer d’escalade ; nous avons affaire à des puissances nucléaires. Malgré tout, il devrait être suffisamment démonstratif afin que nos pieds nickelés comprennent que sur la voie de la violence, ils sont sûrs de perdre. Peut-être une manœuvre, s’appuyant sur la guerre électronique, qui ridiculise aux yeux du monde la énième pathétique tentative de bombardement de la Syrie.
Après tout, il a suffit d’un seul jeune garçon pour dire : « Le roi est nu. »
Régis Chamagne