Des Soukhoï 57 en Syrie

Le changement de paradigme géopolitique franchit une nouvelle étape. La Russie engage ses SU-57 en Syrie.

Le contexte politique et tactique

D’après le média russe Sputnik, une réunion aurait eu lieu à Washington, le 11 janvier dernier, entre cinq pays : France, États-Unis, Royaume-Uni, Arabie saoudite et Jordanie. L’objet en aurait été de « discuter d’un plan de redécoupage des frontières du Proche-Orient et de la division de la Syrie en sphères d’influence dans le cadre d’une nouvelle stratégie proche-orientale. » En outre, au cours de cette réunion, le représentant des États-Unis aurait affirmé la nécessité d’assurer une présence militaire permanente des forces états-uniennes en Syrie. Les conditions d’une escalade militaire en Syrie seraient ainsi réunies.

Sur le terrain, on assiste à un scénario déjà vu. Une enclave est aux mains des terroristes islamistes, qualifiés de rebelles modérés par les médias occidentaux dominants, avec des civils pris en otage : cette fois-ci, c’est le quartier de la Ghouta orientale qui en est le théâtre. Comme d’habitude, les trêves et couloirs humanitaires ne servent jamais ou très rarement à évacuer des civils mais permettent le plus souvent à réarmer les terroristes, à ceux qui les soutiennent. D’après Bassam Tahhan, normalien franco-syrien spécialiste de géopolitique, les civils retenus en otage par les groupes islamistes ne sont pas libres de quitter la zone ; tout civil qui n’appuie pas ces rebelles takfiristes est frappé d’anathème et peut être la cible des djihadistes.

Le déploiement militaire russe

C’est à ce moment que la Russie déploie des SU-57 en Syrie. C’est un pur hasard du calendrier. Il se trouve que ce nouveau chasseur, le premier de cinquième génération russe, en est à sa phase de tests opérationnels. Quoi de mieux qu’un théâtre d’opérations réel pour parachever ces tests.

Cela n’a apparemment l’air de rien, mais cet événement est d’une portée considérable si on l’analyse sous l’angle des rapports de puissance entre les États-Unis et la Russie. En effet, le F-22, premier chasseur de cinquième génération, qui équipe l’USAF depuis 2003 n’a jamais été engagé de façon durable en opération. Il a effectué quelques missions épisodiques en Syrie, dans des conditions « faciles ». En somme, il n’a pas véritablement reçu le baptême du feu. Quant au F-35, tout porte à croire que ce programme s’oriente vers un échec retentissant : échec technique, échec opérationnel et gouffre financier. Les Israéliens ont peut-être un avis circonstancié sur la question.

Finalement, le SU-57 est peut-être le premier chasseur de cinquième génération pleinement opérationnel au monde. Il a été engagé avec un système d’armes complet incluant des armements très performants. D’après plusieurs médias, forcément de type conspirationnistes ou propagandistes, les SU-57 auraient utilisé des missiles air-sol hypersoniques contre des bunkers enterrés très profondément. Nous savons que les physiciens et mathématiciens russes ont développé la théorie du vol hypersonique depuis longtemps. Si l’information sur ces frappes était confirmée, nous saurions qu’ils en maîtrisent à présent la technologie.

Conséquences

L’armée russe semble détenir une bonne avance technologique sur les armées occidentales. Si l’on y ajoute sa capacité à conduire les opérations tel qu’elle l’a montré au cours de ces dernières années en Syrie, elle serait alors la première armée du monde, qualitativement.

Cela signifie que les États-Unis ne pourraient plus jamais faire ce que bon leur semble dans le monde : renverser tel régime, engager une guerre ici ou là, etc. Leur plan de redécouper les frontières du Moyen-Orient à leur guise se révélerait alors être une chimère.

Régis Chamagne