Revolución

« Donnez-moi le pouvoir de créer et de contrôler la monnaie d’un pays, et peu m’importe qui fera les lois. »

Cette phrase est attribuée à Mayer Amschel Rothchild (Francfort 1744-1812), fondateur de la dynastie bancaire des Rothchild et, selon le magazine Forbes, père de la finance internationale.

De fait, celui ou ceux qui créent et contrôlent la monnaie décident de ce qu’ils en font. Ils peuvent acheter les médias dominants et s’autoproclamer maîtres des élégances, dans tous les domaines qu’ils jugent stratégiques. Par exemple, par le biais des revues de médecine, ils peuvent promouvoir certaines molécules lucratives plutôt que des pratiques plus douces, plus efficaces et moins onéreuses que l’on présentera comme ringardes, voire dangereuses. Par le biais des médias généralistes, ils peuvent focaliser l’attention du peuple sur des sujets sociétaux annexes pour la détourner des questions sociales, et ainsi faire avancer leur projet contre-révolutionnaire. Aujourd’hui, on voit bien où cela mène. Pour couronner le tout, ils peuvent faire élire qui ils veulent aux postes clés, ou faire pression sur les gouvernements récalcitrants, par le biais de l’outil financier grâce à leurs instruments que sont le FMI et la Banque Mondiale. Du reste, on constate aujourd’hui que cela fonctionne plutôt bien.

Le système de création monétaire tel qu’il existe aujourd’hui a été mis en place à la fin du XVe siècle. Il s’agissait alors de financer les expéditions vers les Amériques. Paul Grignon explique cela très bien dans un petit film d’animation : « L’argent dette » dans lequel il montre que la création monétaire se fait aujourd’hui par la dette. Ce système s’est « perfectionné » au profit de quelques uns au début du XXe siècle par la privatisation des banques centrales. Cela a commencé le 23 décembre 1913 quand le président des USA Woodrow Wilson donna les clés de la création monétaire à la FED, un consortium de banques privées. Plus tard, en France, il y eut la loi dite Pompidou-Giscard-Rothchild de 1974.

Vous avez dit démocratie ?

Certes, nous sommes appelés aux urnes régulièrement. Mais vivons-nous pour autant en démocratie ? En d’autres termes, les lois auxquelles nous devons nous soumettre sous peine d’être traduits en justice – la justice qui se rend au nom du peuple français – sont-elles élaborées pour le bien commun et dans l’intérêt du peuple français ? Le peuple français est-il d’accord pour que l’on interdise à la vente sur les marchés des légumes issus de semences anciennes, que l’on impose les OGM et les pesticides, que l’on détruise méthodiquement les services publics, que l’on mette subrepticement en place un État policier, etc. ? NON ! Ces lois sont conçues et imposées pour le profit de quelques uns : ceux qui ont les clés de la création monétaire et leurs copains.

Face à ce constat, la question de savoir s’il est encore utile d’aller voter peut se poser, mais ce n’est pas l’objet de cet article. Car une autre voie est possible : celle du pas de côté.

Le pas de côté

Faire le pas de côté, c’est sortir de la route tracée, sans toutefois la perdre de vue immédiatement. C’est sortir du système actuel, progressivement, en construisant et en utilisant les outils pour le faire jusqu’à n’avoir plus du tout besoin de ce système.

Henri Laborit aurait plutôt parlé de fuite. La fuite dont il est question dans son livre « L’éloge de la fuite » ne relevant pas du sauve-qui-peut impuissant mais d’une marche continuelle vers l’avant, d’une remise en cause permanente des situations établies, une fuite loin des pouvoirs en place. Fuir, c’est « choisir un but et corriger la trajectoire de l’action à chaque seconde ».

Nous parlerons ici du pas de côté, car il se fait progressivement, au fur et à mesure que les outils du nouveau système se mettent en place. Nous avons un pied dans le système actuel et un pied dans le celui en devenir.

Lequel ? Donnez-moi le pouvoir de créer et de contrôler la monnaie… de façon démocratique.

La monnaie libre

L’idée de la monnaie libre vient du livre de Stéphane Laborde « Théorie Relative de la Monnaie » (TRM) publié en 2012 que l’on peut télécharger ici. Cette théorie est, dans le domaine de la création monétaire, une révolution copernicienne. Cette théorie débouche sur le fait que chaque individu membre de la monnaie est créateur de monnaie. Chaque jour, sur chaque compte de chaque membre, est créé un dividende universel (DU), lequel est issu d’une fonction mathématique qui dépend de la masse monétaire globale, du nombre d’individus et de leur espérance de vie moyenne. En somme chaque individu est sa propre banque. Chaque jour, chaque compte membre s’implémente de la valeur d’un DU. De plus, la formule du dividende universel fait qu’il est égalitaire dans l’espace et dans le temps :

  • chaque jour, chaque individu crée la même quantité de monnaie, c’est la symétrie spatiale ;

  • La masse monétaire augmente, ainsi que le nombre d’individus, mais le DU reste la même proportion de la part du gâteau à se partager, génération après génération, c’est la symétrie temporelle. Cela fait que le DU est un instrument de mesure, contrairement aux monnaies créées par le mécanisme de la dette. Il est actualisé deux fois par an, aux équinoxes, symboliquement dates d’égalité entre le jour et la nuit.

De la théorie à la pratique

Après des années de simulation informatique, la TRM a été mise en pratique avec la création de la June (Ǧ1) en mars 2017. La june est une crypto-monnaie qui fonctionne grâce à des logiciels libres. L’ensemble des membres de la monnaie libre constitue la bien nommée toile de confiance. Celle-ci se développe régulièrement, selon des procédures qui favorisent les rencontres physiques entre les membres et qui préservent le système contre une quelconque forme d’entrisme et de prise de pouvoir exogène (suivez mon regard). Les échanges dans cette monnaie se font à l’occasion des manifestations organisées à cet effet ou par le biais d’une application de ventes en ligne.

Plusieurs remarques reviennent souvent :

  • on ne peut pas vivre avec la Ǧ1, ça reste anecdotique. Pour le moment, c’est exact. Mais plus la toile de confiance grandit, plus on peut échanger de biens et de services. Qui eût cru, lors du premier meeting aérien de l’histoire, à Reims, en août 1909, voyant voler ces drôles de machines en bois et en toile, que soixante ans plus tard, un avion commercial volerait à deux fois la vitesse du son ?

  • C’est redondant avec les monnaies locales. Pas du tout. Les monnaies locales ont certes deux vertus : elles favorisent les circuits courts et fluidifient les échanges. Mais elles sont indexées à l’euro. On achète sa monnaie locale avec des euros, ce qui en fait des sortes de bons d’achat. En outre, elles sont locales. Tandis que la monnaie libre est co-créée par les membres de la toile de confiance et qu’elle est universelle. On trouve des membres de la Ǧ1 dans plusieurs pays, et même plusieurs continents ;

  • le dividende universel, c’est comme le salaire universel. Pas du tout. Le DU est calculé mathématiquement et dépend de l’être humain, quelque soit sa condition. La valeur du salaire universel est décidée par ceux qui créent la monnaie ; ils peuvent rendre la monnaie abondante ou rare à leur guise.

La crise actuelle et ses perspectives

La crise financière qui a débuté en 2008 et qui sévit toujours, suivi de la dictature sanitaire qui est mise en place, laisse augurer futur peu réjouissant. On ne sait pas exactement lequel mais une chose est certaine, les maîtres du système actuel ont un plan, sinon ils seraient de piètres stratèges. On parle de grand reset, la dictature sanitaire permettant d’empêcher tout mouvement social d’ampleur. Vont-ils voler, pardon prélever à des fins de solidarité, ce que nous avons sur nos compte en banque, pour ceux qui ont quelque chose ?

Nous ne savons pas, mais nous sentons bien que l’instant est crucial. Le moment est venu !

La vraie révolution

Après plusieurs tentatives, la vraie révolution, c’est la monnaie libre, celle qui nous permet de nous affranchir de la dictature financière :

  • c’est une révolution silencieuse, donc furtive ;

  • c’est une révolution pacifique. Nous ne combattons pas de front le système actuel, nous faisons le pas de côté. Pas de risque de se retrouver face à un troupeau de policiers prêts à en découdre ;

  • c’est une révolution solidaire qui favorise les rencontres et les circuits courts ;

  • c’est une révolution partageuse car l’abondance de la monnaie induit des comportements nouveaux relativement à l’argent. Fini la peur d’en manquer ;

  • enfin c’est une révolution vivante et joyeuse.

Régis Chamagne