Régime de bananes

« Comme chef d’État, deux choses lui avaient manqué : qu’il fût un chef ; qu’il y eût un État. »

Charles de Gaulle

Les scandales qui affectent un chef d’État sont des indicateurs parmi d’autres de la réalité de l’exercice du pouvoir dans le pays considéré.

Considérations générales

Lorsque l’État existe, c’est-à-dire lorsque le pays est souverain et qu’il y a un chef à sa tête, ce dernier baigne dans l’action collective dont il est le premier responsable. Le bain conceptuel et méthodologique dans lequel il navigue est structuré par des notions telles que l’intérêt supérieur de la nation, la stratégie d’État ou le bien commun. La pratique du pouvoir imposant parfois de faire des choix difficiles, les scandales que doit affronter le chef d’État relèvent généralement de la raison d’État : assassinats politiques supposés – d’opposants, de journalistes, etc. – ; manipulations, pressions, manœuvres de déception, etc.

Lorsque l’État n’existe pas ou plus, le prétendu chef d’État n’agit plus que dans le domaine du spectacle, en dehors du champ politique qu’il ne contrôle pas. Se mettant en scène en permanence de façon à donner l’illusion de l’action politique, il s’agite sur la scène du théâtre politicien, sa personne devenant ainsi l’objet politique central de ce théâtre. Il n’est alors plus question de juger des décisions politiques, qui sont prises ailleurs, par les parrains du chef d’État en question, mais de la personnalité de l’acteur.

Ce que nous dit l’affaire Benalla

L’affaire Benalla, feuilleton de l’été, nous révèle plusieurs choses :

  • Premièrement, le fait même que ce soit une affaire, et que cette affaire fragilise l’Élysée, indique clairement que l’action de Micron-Jupiler se situe dans le champ du spectacle, voire du « one-man-show » et pas dans celui de la vraie politique. Il n’y a aucune raison d’État qui sous-tende ce scandale, simplement des pratiques personnelles arrogantes et immatures. Nous le savions déjà et c’est pour nous une confirmation.

  • Deuxièmement, les détails de cette affaire indiquent des pratiques politiciennes d’un pays du Tiers-monde : le favori du chef peut faire à peu près ce qu’il veut, sans aucune légitimité ni compétence, au-dessus des institutions légales et des règlements, au-delà des corps constitués.

En somme, la classe politicienne française ayant abandonné la politique de la France à l’Union européenne, la France est devenue un pays du Tiers-monde, au regard de ses pratiques politiciennes. C’est une dérive naturelle.

Un pauvre type

Enfin, le comportement pitoyable de Micron-Jupiler nous confirme le niveau intellectuel et moral de ce pauvre type. Après s’être comporté comme un potache devant des étudiants burkinabés tout en humiliant son hôte, après être descendu dans la cour de récréation contre un adolescent de 14 ans, après s’être ridiculisé par un comportement de groupie lors de la finale de la coupe du monde, il joue les matamores de supermarché face aux journalistes et aux politiciens critiques dans l’affaire Benalla. Micron-Jupiler n’a tout simplement pas la maturité philosophique ni morale ne serait-ce que pour jouer le rôle de chef d’État.

Ce n’est pas bon signe, car depuis qu’il n’y a plus de chef d’État à l’Élysée, c’est-à-dire depuis 2007, la force de caractère de l’acteur désigné pour tenir le rôle est inversement proportionnelle à la violence des lois rétrogrades et antisociales imposées par les parrains de Bruxelles. La mafia capitaliste a choisi un homme faible pour finir le travail de destruction de la société française.

Mais l’Histoire n’est jamais finie. Parfois, les retournements de l’Histoire punissent les faibles.

Régis Chamagne