Les Américains se retirent de Syrie

Et avec eux les toutous français. Ça nous est présenté comme une promesse de campagne de Donald Trump et justifié par la victoire définitive des Américains sur DAESH.

La réalité est autre

Certes, c’était une promesse électorale de Trump et ce dernier s’engage dans la campagne pour sa réélection. S’agissant de l’argument de la victoire des Américains sur DAESH, ce n’est qu’un prétexte qui permet à l’armée américaine de se retirer la tête haute, sans avoir à avouer son infériorité sur l’armée russe.

En effet, Vladimir Poutine avait déclaré qu’il irait jusqu’au bout de la guerre contre le terrorisme. Or récemment, la Russie et la Syrie ont déployé des batterie de missiles S-300 – et très certainement les moyens de guerre électronique qui vont avec – dans la région de Der ez-Zor, là où s’activent les chasseurs bombardiers américains. Ce déploiement a très certainement associé à des règles d’engagement strictes et précises et les militaires américains ont très certainement été mis au courant de ces règles. De plus, les Russes construisent une base à une cinquantaine de kilomètres d’al-Tanf, base américaine stratégique à la frontière de la Syrie, de l’Irak et de la Jordanie. Précédemment, les États-Unis n’avaient pas caché leur volonté de s’installer durablement à l’est de l’Euphrate, à partir de Der ez-Zor.

Dans un précédent article, j’écrivais : « Les déclarations du général Tony Thomas, chef du commandement des opérations spéciales des États-Unis, à l’occasion du symposium GEOINT 2018, décrivent une supériorité écrasante de la Russie sur les États-Unis dans le domaine de la guerre électronique. » puis « Cela étant, la partie orientale de la Syrie, à l’est de l’Euphrate, dans laquelle se trouve une forte présence militaire américaine, et française, reste à reconquérir. Il sera très intéressant d’observer la façon dont cela va se passer. Assistera-t-on à une confrontation directe entre les forces occidentales et les forces syriennes appuyées par l’aviation russe, ou bien verra-t-on les Occidentaux se replier sagement ? À cette occasion, nous évaluerons le niveau de santé mentale des dirigeants occidentaux et les rapports de force. »

Il semblerait donc que la raison l’ait emporté. En effet, on peut penser qu’à l’instar du général Tony Thomas, tous les chefs militaires américains ayant servi dans la région ont fait le même constat. Une fois rentrés au Pentagone, ces généraux et colonels ont dû faire pencher la balance du côté des raisonnables, contre les bellicistes à tout prix.

Cela étant, il convient de rester prudent. En effet, au mois de mars dernier, Donald Trump avait fait une annonce similaire avant de revenir sur sa décision. c’est du reste l’attitude de plusieurs médias qui suivent de près la situation en Syrie.

Mais si, comme je le pense, la véritable raison du retrait est le constat de l’infériorité militaire américaine face à la Russie combinée avec la détermination de Vladimir Poutine à aller jusqu’à l’éradication de DAESH de tout le territoire syrien, alors, cette fois devrait être la bonne. D’ailleurs, la réaction mesurée d’Israël après cette annonce semble confirmer ma thèse.

Évidemment, les Américains continueront leur travail de soutien à DAESH sous une autre forme, mais sans s’exposer eux-mêmes, afin de retarder le plus possible le moment où il ne sera plus possible de cacher la domination militaire russe. Au moment où le monde entier, en particulier les Européens, constateront que le roi est nu.

Régis Chamagne