
Dans un précédent article (SOS les commandes ne répondent plus !), j’écrivais qu’Emmanuel Macron était la « fin de race » du système. Les résultats du premier tour de l’élection présidentielle, et surtout les réactions qu’ils ont suscitées, en apportent la confirmation.
Disparition du PS et de LR :
Les partis politiques autoproclamés « de gouvernement » sont éliminés du premier tour. En fait, il serait plus judicieux de dire qu’ils ont été sacrifiés par le système pour que le système puisse se maintenir aux commandes de l’Etat. En effet, la fusée Macron a été lancée, en se présentant hors des partis, afin de contourner la désaffection croissante des Français à l’égard des partis. Il est un leurre destiné à ramener une partie de ceux qui veulent sortir de ce système dans le système malgré eux.
Le voile se lève :
Se faisant, Les ralliements de tous les politiciens ambitieux, de droite, de gauche, du centre, communistes ou écolos, derrière Macron, lèvent le voile sur la réalité de la situation politique en France. Ils sont tous d’accord entre eux sur l’essentiel. Ils accréditent le fait qu’ils ne font réellement qu’un seul parti, celui de Bruxelles, du MEDEF et de l’oligarchie bancaire.
Les débats de ce premier tour de l’élection présidentielle auront permis de dessiner les contours des nouveaux clivages au sein de la société française. Ces clivages sont, premièrement, le peuple versus l’oligarchie, et deuxièmement, la souveraineté populaire versus la soumission à la Commission européenne. Grâce en particulier aux petits candidats, ces deux clivages auront dominé les débats et les fausses questions habituelles qui constituaient la tambouille ordinaire des élections précédentes seront passées au second plan.
Semailles et moisson :
Cette campagne aura été celle des semailles. Les moissons viendront plus tard, mais à ce moment-là, il n’est pas certain que Macron pense encore « printemps ». Après lui, le sysème ne dispose plus de cartouche supplémentaire, sauf la dictature dure.
Deux scénarios :
J’écrivais, dans l’article cité au début de celui-ci, que l’inconsistance de Macron faisait qu’il pouvait perdre face à Marine Le Pen. Les sondages d’aujourd’hui donnent 60/40 pour Macron. Nous verrons bien comment ils évolueront dans les deux semaines à venir.
Si MLP est élue, elle ne pourra probablement pas gouverner réellement et le système sera en mesure de reprendre la main, en prétendant que si la France est dans une situation catastrophique, c’est de la faute du FN.
Si Macron est élu, le rouleau compresseur ultralibéral et ultra européiste sera poussé à son maximum et des pans entiers de ce qui fait la France seront détruits. Mais cette fois, le système ne pourra pas rejeter la faute de cette situation sur le dos d’un bouc émissaire. Il restera la possibilité d’une dictature qui ne se cache plus, qui s’assume.
Changement de paradigme :
Que ce soit en France ou dans n’importe quel pays occidental, la possibilité de voir se mettre en place une dictature n’a jamais été aussi forte. A ce moment-là, toute la construction idéologique fondée sur les droits de l’Homme, au nom desquels nous déclenchons des guerres un peu partout dans le monde, s’effondrera comme un château de cartes et nous entrerons véritablement dans le XXIe siècle. Le changement de paradigme en géopolitique aura eu lieu.
Régis Chamagne