Être – Paraître – Loi de conservation

La communication autour de Macron peut paraître surréaliste, voire irréaliste. Pourtant, il y a une logique à cela, une logique fondamentale. Je propose ici une analyse décalée, fondée sur une loi de conservation nouvelle. Quand la soumission se drape des oripeaux de la volonté et de l’autorité.

Qu’est-ce qu’une loi de conservation ?

En sciences physiques, il existe des lois de la nature que l’on nomme « loi de conservation », quand une certaine grandeur se conserve à l’occasion de n’importe quel processus, transformation ou changement d’état. Ainsi de la loi de conservation de l’énergie totale. Quel que soit l’élément, l’ensemble ou le système que l’on considère, si cet élément, ensemble ou système opère une action, l’énergie totale de cet élément, ensemble ou système sera la même à la fin de l’opération qu’au début. Par exemple, un caillou qui tombe, par la loi de la gravitation, transforme son énergie potentielle, qui est fonction de sa hauteur, en énergie cinétique, fonction de sa vitesse, mais son énergie totale, qui est la somme des deux, restera égale à elle-même tout au long de la chute. Cette loi de conservation de l’énergie totale a fait dire à Antoine Lavoisier : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. »

On peut également citer la loi de conservation de la quantité de mouvement qui est à la base des calculs de conception des moteurs fusée. Précisons d’abord que la quantité de mouvement d’un objet est égale à sa masse multipliée par sa vitesse. Le moteur fusée éjecte des gaz par l’arrière, en réaction l’objet doté du moteur est propulsé vers l’avant, mais la somme de la quantité de mouvement des gaz éjectés et de l’objet propulsé ne varie pas.

Loi de conservation caractérielle

Cela étant précisé, je propose ici une loi de conservation qui se rapporte au comportement humain. Elle est fondée sur mon expérience, mon observation des gens et mon intuition.

Au cours de ma carrière de pilote de chasse, j’avais observé que les meilleurs pilotes en combat aérien étaient généralement humbles au bar de l’escadrille, tandis que ceux qui avaient tendance à se mettre en avant plus que de raison étaient souvent des cibles plutôt faciles en vol.

J’ai consolidé mon intuition en observant les personnages publics, ceux que l’on peut voir dans le petit écran ou que l’on entend sur les ondes radiophoniques. Tel personnage qui prend la posture du philosophe, mèche rebelle, tenue faussement décontractée, regard imprégné, est généralement un cuistre incapable d’appréhender la complexité du monde, simpliste dans ses raisonnements. Tel autre qui prend la posture de la dignité, menton relevé et regard sévère, indigné par la misère humaine, n’hésitant pas à porter lui-même assistance et sacs de riz aux populations oubliées, devant les caméras, n’est probablement pas très digne, si l’on fouille un peu. Et on peut prolonger les exemples ad nauseam.

Ainsi, je propose la loi de conservation suivante :

Ê x Pâ = Cte : l’Être multiplié par le Paraître est une Constante. En somme, les gens compensent leur défauts en surjouant la qualité inverse, qu’ils ne possèdent évidemment pas.

Dans le domaine du pouvoir et de l’autorité

Tout cela pour en revenir à Macron et à la communication que le système déploie autour de sa personne et de l’agitation élyséenne.

Ce qui caractérise la communication élyséenne macronienne, c’est l’excès. L’excès en tout. l’excès de quantité de temps médiatique consacré à l’apologie de Macron d’une part, et la démesure du vocabulaire utilisé pour l’évoquer d’autre part.

C’est précisément ce qui nous intéresse aujourd’hui car, par l’application de la loi de conservation précédemment exposée, ces excès dénotent en creux d’autres excès, inverses. Le Paraître démesuré de Macron dévoile la réalité abyssale de son Être.

Que nous dit cette communication ? Que Macron possède une intelligence hors du commun et un caractère d’acier, qu’il entend exercer la plénitude, sinon la totalité du pouvoir, tel un empereur romain. L’adjectif « jupitérien », utilisé à l’envie, vient à l’appui de cette idée. La réunion du Congrès à Versailles participe de la même tactique de communication.

Jean-Luc Mélenchon a même appuyé la communication élyséenne en prononçant le mot « pharaon » dans son discours de boycott du Congrès. Après tant d’années passées au parlement européen, ne connaît-il pas l’article 121 du TFUE et les GOPÉ qu’il impose au peuple français ? Ne sait-il pas que le travail de l’Assemblée consiste majoritairement à transcrire en droit français les directives de Bruxelles ? Allons, un peu de sérieux.

En somme, l’image du Maître de maison, fabriquée avec force énergie, nous dévoile la réalité d’un domestique, d’un majordome, absolument soumis à l’autorité qui le commande.

Conclusion

Ainsi nous pouvons être à peu près certains d’une chose. La démesure de l’image présidentielle nous annonce une soumission absolue de l’Élysée à l’égard de l’Union européenne et de l’Allemagne. Du reste, les récentes annonces en matière de politique étrangère, qui semblent dérouter de nombreux journalistes néoconservateurs, ne sont que l’application de la stratégie allemande en la matière. Et le reste suivra.

Il va y avoir des réveils pénibles.

Régis Chamagne